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Une crise mondiale de l’eau se profile à l’horizon

Arrosage du jardin fleuri.
Arrosage d'un jardin fleuri. Image par elenathewise via Depositphotos.

Le monde est au bord d’une crise de l’eau qui pourrait menacer la moitié de la production alimentaire d’ici le milieu du siècle. Une étude récente de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau souligne la gravité de ce défi et prédit des conséquences désastreuses pour la vie humaine et les économies mondiales. Alors que la pénurie d’eau s’intensifie, la nécessité d’agir de toute urgence devient plus critique que jamais.

La pénurie d'eau

Changement climatique
Montée des eaux observée en Europe. Image de peeko via Depositphotos

Selon l'étude, la moitié de la population mondiale est déjà confrontée à des pénuries d'eau, un chiffre qui devrait augmenter considérablement dans les années à venir. Les régions peuplées comme le nord-ouest de l'Inde, le nord-est de la Chine et certaines régions d'Europe sont les plus touchées par cette mauvaise gestion de l'eau. Pas moins de 3 milliards de personnes vivent dans des zones où l'eau est extrêmement instable, et de nombreuses grandes villes s'enfoncent littéralement en raison d'une extraction excessive des eaux souterraines.

Le problème est certes environnemental, mais aussi économique. Le rapport estime que la pénurie d’eau, aggravée par le changement climatique et une mauvaise gestion des terres, pourrait réduire la croissance économique mondiale de 8 % d’ici 2050. Cet impact devrait être encore plus important dans les pays à faible revenu, creusant encore davantage l’écart entre les nations riches et les nations pauvres.

Les aspects économiques de la mauvaise gestion de l'eau

Gar alligator dans une eau bleu vif.
Gar alligator dans l'eau bleu vif. Image de Masruby, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

L’un des thèmes centraux du rapport est l’inefficacité économique dans la manière dont l’eau est valorisée et gérée. Mariana Mazzucato, professeure et coprésidente de la Commission mondiale, critique la manière dont les gouvernements et les entreprises traitent l’eau comme une marchandise, négligeant sa rareté et son rôle essentiel dans le maintien de la vie. « Nous avons choisi de ne pas agir parce qu’il y a des bénéfices à ne pas s’attaquer à la crise », explique Mazzucato. En effet, 80 % des eaux usées ne sont pas traitées, ce qui aggrave encore le problème.

L’absence de volonté collective se manifeste également par l’absence d’efforts coordonnés à l’échelle mondiale. L’ONU, par exemple, vient tout juste de tenir sa première conférence sur l’eau depuis 50 ans et vient de nommer un envoyé spécial pour l’eau. Ces actions, bien que cruciales, semblent insuffisantes et trop tardives face à une catastrophe imminente.

L'impact sur l'agriculture et la sécurité alimentaire

ours blanc
Ours polaire regardant l'eau glacée. Image de nectaa212 via Depositphotos

La pénurie d’eau aura un impact profond sur l’agriculture, en particulier dans les régions qui dépendent de pratiques agricoles à forte consommation d’eau. Le rapport souligne que la moitié de la production alimentaire mondiale pourrait être menacée d’ici 2050. Cela comprend les cultures de base comme le riz, le blé et le maïs, dont dépendent des millions de personnes pour survivre. Avec le changement climatique, les sécheresses, les inondations et les conditions météorologiques erratiques vont aggraver la situation déjà fragile de la sécurité alimentaire mondiale.

L’une des principales recommandations de l’étude est de modifier les pratiques agricoles. La transition vers une utilisation plus efficace de l’eau dans l’agriculture, ainsi que la promotion d’une alimentation à base de plantes, pourraient contribuer à atténuer certains des risques. La restauration des habitats naturels et l’investissement dans les infrastructures hydrauliques sont également des étapes essentielles pour préserver l’avenir de la production alimentaire.

Transformer la crise en opportunité

baleine boréale
Une baleine boréale nage dans l'eau bleue en direction de la glace. Vicki Beaver, Alaska Fisheries Science Center, NOAA FIsheries, permis pour mammifères marins n° 14245, domaine public, via Wikimedia Commons.

Malgré ces sombres perspectives, les experts estiment qu’il est encore temps de changer de cap. Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce et coprésidente de la commission, souligne que la crise de l’eau offre l’occasion de transformer la gestion mondiale de l’eau. Il est essentiel de valoriser l’eau, de traiter les eaux usées et d’investir dans les ressources en eau renouvelables.

Mazzucato souligne également le potentiel d’investissements massifs. À l’instar des défis posés par le changement climatique, la perte de biodiversité et les pandémies mondiales, la résolution de la crise de l’eau pourrait ouvrir de nouvelles perspectives d’innovation et de croissance économique. Mais cela nécessitera une coordination mondiale, des investissements publics et privés importants et, surtout, une volonté politique.

Réflexions finales

Globe en verre dans l'eau.
Globe en verre dans l'eau. Image de SSilver via Depositphotos.

La crise mondiale de l’eau n’est plus une menace lointaine, c’est un problème présent et danger croissant. Sans action immédiate, le coût de l’inaction se fera sentir partout dans le monde, depuis l’effondrement des villes jusqu’à la défaillance des systèmes alimentaires. Comme le souligne clairement le rapport de la Commission mondiale, il ne s’agit pas seulement d’un défi environnemental, mais aussi économique et humanitaire. Il est temps d’agir maintenant, avant que la crise ne devienne irréversible.